Bonjour ! Nous allons maintenant parler de la Physique quantique, également appelée théorie quantique, mécanique quantique, théorie des quantas, ou encore microphysique. Ce ne sera pas un cours, mais seulement quelques notions très importantes pour commencer à avoir une idée un peu précise sur ce domaine du quantique, très important sur au moins trois plans : les plans scientifique, puis économique et social, et troisièmement psychique, c’est-à-dire plus individuel et inter-individuel. J’en parlerai dans des mots à la fois les plus simples et les plus exacts possibles, ce qui n’est pas été facile compte tenu que cette théorie est pleine de subtilités mais a aussi un impact absolument massif sur notre société et sur nous-même. Et compte tenu aussi que beaucoup de gens en parlent ou écrivent sur elle, certain pour dire des choses très intéressantes et éclairantes, d’autre pour en dire des bêtises plus ou moins énormes ! Puis nous verrons en quoi cette théorie quantique à quelque chose à voir avec notre psychisme humain, qui lui-même contient les clés de nombreux désordres actuels dans le monde. À ce propos, je vous recommande d’écouter ou ré-écouter mon podcast intitulé « Connaissez-vous Psyché ? » pour voir ce qu’on peut entendre par « psychisme humain ». Enfin, tous ce que je dirai reposera exclusivement sur des connaissances académiques, des ouvrages scientifiques et des explications, parfois philosophiques, mais toujours dictées ou inspirées, par des auteurs très fiables. Ce podcast sera suivi d’autres podcasts sur ce même thème du quantique et de Psyché qui permettrons d’aller plus loin. Enfin, vous aurez également accès à toutes les références bibliographiques de cette série de podcasts.

Tournons-nous maintenant vers la théorie quantique.

Au premier abord, ce qu’on trouve largement dans les médias, c’est que cette théorie est scientifiquement très avancée, c’est sans doute la plus solide de nos théories scientifiques car elle est quotidiennement utilisée par quantité de gens dans quantité de situations. Par exemple, sans ces équations aucun composant électronique fait de semi-conducteurs, aucune technologie numérique comme les smartphones ou les satellites, ne serait possible aujourd’hui. Elle a une capacité tout-à-fait extraordinaire pour calculer toutes les quantités à connaître pour fabriquer des composants électroniques et bientôt l’« ordinateur quantique », un ordinateurs aux capacité tout-à-fait extrêmes. C’est la théorie la plus influente sur nos vies et sur l’économie mondiale. On avance même qu’elle serait la source de plus de 30 % du PIB mondial ; le Fond Monétaire International prédit même qu’il dépassera les 50 % de ce PIB mondial en 2040.

Mais ce qui domine aussi dans ce qu’on lit et entend dire, et qui est parfaitement justifié, c’est que cette théorie est très mystérieuse. Elle rompt avec nos habitudes de pensées, nos préjuger. Et c’est elle qui a raison, et pas nous. Ainsi, découvrir la théorie quantique, comme nous allons le faire, peut être comme une sorte de cure de jouvence dans notre compréhension du monde, de la vie et de nos relations. Car comme nous allons le voir, la théorie quantique est une théorie exclusivement relationnelle.

Ainsi, notre monde, le monde physique dans lequel nous vivons, ne fonctionnement pas comme nos habitudes de pensées, nos schéma mentaux pourraient le comprendre ou plutôt voudraient qu’il soit. Nous le voyons d’une manière naïve mais qui nous semblent parfaitement rationnelle, alors que les équations de la mécanique quantique nous disent tout autre chose, et donc nous apparaissent réellement mystérieuses. Alors pourquoi ? Que sont tous ces fameux « mystères » dans lesquels semble baigner cette théorie si omniprésente aujourd’hui, si proche de nous, dont nous sommes si largement dépendant, et qui nous est pourtant si peu familière.

Et bien les voici ces mystères. Commençons par le quanta lui-même. Au début du siècle dernier, on a commencé à comprendre le fonctionnement des atomes, constitués d’un noyau central et de petites choses qui tournent très vite autour : les électrons. Mais ce qu’on va découvrir à partir de 1925, c’est que ces électrons ne sont pas du tout ce qu’on croyait : ils ne tournent pas sagement autour du noyau comme on s’y attendait, un peu à l’image des planètes qui tournent autour du soleil. Pas du tout : ils vont dans divers sens, se trouvent à plusieurs endroits à la fois, leur position et leur vitesse ne sont connues que de manière probabiliste, si l’on veut savoir où est-ce qu’ils sont, on perd leur vitesse, si au contraire on veut savoir leur vitesse, là on perd la connaissance de leur position ; en outre la mécanique quantique ne manipule pas des valeurs directes mais uniquement des probabilité de valeur (on n’a jamais une vitesse ou une position exacte par exemple, on a seulement une probabilité de vitesse ou une probabilité de position). Mais le plus étonnant encore c’est que dans certaines circonstances, ces électrons sautent d’une zone autour du noyau vers une autre zone. Mais attention, ils ne sautent pas comme on se l’imagine ‘une manière continue. Non. Ils disparaissent soudain de l’endroit où ils sont, pour réapparaître instantanément ailleurs ! lls font ce qu’on appelle un « saut quantique ». La réalité physique, en mécanique quantique, est dis-con-ti-nue. Notre cerveau se trompe donc en parlant d’un saut, qui pour nous est un déplacement continu. Il se passe quelque chose de radicalement autre, que nos cerveaux ont franchement « du mal à digérer ».

Voyons maintenant deux autres propriétés ou « états quantiques ». Ces états sont la superposition et l’intrication. Ces sont les valeurs qu’on cherche à observer, comme la vitesse, la localisation d’un corpuscule, qui se trouvent superposées dans le même instant ou intriquées, comme entremêlées, avec d’autres observables.

Un état quantique de superposition, c’est le fait qu’un observable peut posséder simultanément plusieurs valeurs différentes, qui sont ainsi appelées superposées, chacune de ces valeurs étant donc une probabilité. Par exemple un électron peut avoir deux positions différentes dans l’espace au même instant. Pour nous, humbles humains, cela veut dire qu’il peut être en deux endroits à la fois, c’est proprement inimaginable, nous ne pouvons pas être ici et ailleurs. Mais en microphysique c’est tout ce qui a de plus courant, la nature est sans doute comme cela. Mais pour nous, dans notre monde « macro », ce qui fait que nous ne sommes qu’à un endroit à la fois, que ce qui est blanc n’est pas noir, et qu’un objet rond n’est pas carré, c’est l’observateur humain lui-même, celui qui a monté l’expérimentation de microphysique qu’il est en train de chercher à observer, qui produit cet effondrement des états superposés. 

On va revenir sur la place, unique en mécanique quantique, de l’observateur humain.

Voyons maintenant ce qu’est l’état d’intrication, appelé également enchevêtrement quantique. Cet état, pour le dire simplement, c’est lorsque deux particules, ou deux groupes de particules, forment un seul et même système. Concrètement, cela veut dire que, quelles que soient les distances qui les séparent, les objets quantiques intriqués, qu’ils soient des particules élémentaires ou autres, sont en totale corrélation : ce qui arrive à l’un arrive aussi à l’autre, même si une immense distance les sépare. L’intrication est le phénomène qui paraît le plus étrange et le plus vertigineux de la théorie quantique. Partout dans l’univers, deux particules qui se sont rencontrées une fois dans le passé conservent un lien indestructible et instantané, hors de l’espace et du temps.

Un autre aspect quelque peu mystérieux de la mécanique quantique est une théorie exclusivement relationnelle, comme je vous l’ai dit au tout début : ses calculs ne portent que sur des corrélations. Comme l’écrit un éminent spécialiste, Michel Bitbol : « Du haut en bas de l’échelle des grandeurs spatiales, dans son traitement des relations cognitives comme dans sa description des relations objectales, le formalisme quantique n’indique que de pures corrélations. » [fin de citation]. Les objets eux-mêmes, tels qu’on se les représente, par exemple des électrons, des atomes, etc., doivent être mis de côté.

Alors pour terminer, revenons un instant sur la place de l’observateur. La théorie des quanta révèle que toute description non ambiguë d’un phénomène inclut nécessairement les objets auxquels le phénomène se manifeste. Donc si un humain perçoit en direct, comme c’est le cas d’un scientifique, sa présence fait partie des calculs, sa présence est l’une des variables des équations révélant les résultats. Avec son appareillage technique lui permettant de mettre en contact des objets quantiques, pour en étudier le comportement, l’opérateur humain n’est plus un observateur, il est l’un des acteurs du phénomène. Il n’existe aucune séparation entre l’observateur, l’observation et l’objet observé. Il faut totalement se défaire de notre tendance à plaquer des concepts sur ce que les calculs quantiques traduisent d’une expérimentation se déroulant au niveau microphysique. Ce n’est qu’à ce prix que nous pouvons comprendre. Je dis bien nous pouvons. Il n’est pas certain que nous y arrivions effectivement, mais la compréhension a pour prix cette non-séparation fondamentale de ce qui nous est donné pas l’expérimentation.

Voilà. J’arrête ici ce premier podcast sur la théorie quantique et la psyché, et vous invite à écouter le suivant, qui va apporter justement sur cette grande question : en quoi nous éclaire-t-elle, cette théorie quantique, sur nous-mêmes, sur notre univers humain, et sur le nombre important de problèmes vitaux que nous rencontrons aujourd’hui ?

Merci pour votre écoute. À bientôt.

Bonjour à toutes et à tous.

Nous allons parler de la théorie quantique dans quelques-uns de ses aspects particulièrement surprenants. C’est donc sous le signe de la surprise que je vous invite à les découvrir. Je vous rappelle ou vous informe, que ce podcast s’inscrit à la suite d’un précédent podcast, introductif, sur cette théorie et intitulé « Quand la théorie quantique parle à psyché – introduction ». Je vous invite donc à l’écouter ou le réécouter. Un autre précédent podcast, intitulé celui-là, « Connaissez-vous Psyché ? », est également utile à écouter ou réécouter pour mieux connaître ce qui se cache sous le mot « psyché ».

Comme vous le savez, cette théorie quantique révèle le fonctionnement des atomes, des électrons, de la lumière, etc., au moyen d’équations qui, bien qu’elles soient complexes, s’expliquent aujourd’hui d’une manière de plus en plus simple, sans équation justement, et utile à tous les citoyens du monde que nous sommes. Cette théorie quantique est née à la fin du 19ème siècle et a apporté plusieurs révolutions. Et le terme révolution n’est ici pas du tout exagéré. Elle a révolutionné non seulement la science, mais aussi le développement économique, puisque la fabrication de tous nos écrans, nos smartphones, satellites, etc., tous les objets de notre univers numérique reposent sur la théorie quantique. Elle a eu aussi, de manière indirecte mais effective, une très forte influence sur notre manière de penser, sur nos difficultés à raisonner d’une manière juste, autrement dit sur notre conscience et donc sur notre psyché. Ces influences multiples, et qui nous touchent, de la théorie quantique ne nous sont cependant pas toujours très conscientes, je pense que vous en conviendrez. Pour mieux la découvrir, rien de tel que commencer par ces aspects, donc, les plus étonnants. Je vous invite donc sur ce chemin de surprise et qui commence dès la naissance de la théorie quantique, c’est-à-dire à la fin du 19ème siècle. À cette époque, un physicien nommé Max Planck découvre en 1896, à l’occasion de ses recherches très pointues en thermodynamique et en électromagnétisme, un surprenant phénomène de discontinuité dans le rayonnement lumineux qu’il étudiait alors. Il avait pour mission de comprendre, c’est-à-dire décrire précisément en termes mathématiques, le rayonnement, la lumière si vous voulez, émise par les corps chauds (on appelle cela le rayonnement du corps noir). Pour expliquer mathématiquement cette discontinuité, il met au point ce qui pour lui est un artifice de mathématicien physicien. Il fait comme si la lumière était réellement discontinue, même s’il n’y croit pas du tout, comme il l’expliquera effectivement plus tard. À cet effet, il introduit dans la formule mathématique une constante qu’il calcule pour obtenir exactement les données du phénomène étudié, et grâce à cette constante, voilà que le rayonnement des corps chauds, autrement dit de la lumière, est expliqué. 9 ans plus tard, en 1905, Albert Einstein réalise que cette discontinuité de la lumière n’est pas une hypothèse, mais une réalité. Il utilise la constante de Planck pour décrire l’effet photoélectrique et explique que compte tenu des divers phénomènes électromagnétiques encore impossibles à expliquer à cette époque, telle cette discontinuité de la lumière, c’est l’ensemble de la mécanique qui exige une révision en profondeur. La constante de Planck allait ainsi devenir célèbre et la théorie quantique n’allait pas tarder à prendre un extraordinaire envol et se déployer en diverses branches complémentaires que sont la mécanique quantique, effectivement, la gravitation quantique, la théorie quantique des champs, etc. Il existe comme cela toute une série de sous-domaines de ce qu’on appelle en général la « théorie Quantique ». C’est dans tout cet univers fait de multiples branches, de multiples hypothèses sur la constitution du monde à l’échelle quantique, qui constitue en fait ce qu’on entend communément par « théorique quantique », et diverses surprises y sont fréquentes. Je vous en livre quelques-unes des années 1920 et qui voit naître véritablement ce qu’on a appelé la « mécanique quantique ». Le physicien Niels Bohr découvre que l’atome ressemble un peu à un système solaire miniature avec des électrons tournant autour d’un noyau, mais passant d’une orbite à l’autre d’une façon très surprenante, par des sauts appelés « sauts quantiques ». Et il confie à un jeune mathématicien, Werner Heisenberg, le soin de découvrir l’explication mathématique de ces sauts quantiques d’électrons d’une orbite à l’autre. Après une intense période de travail, Heisenberg publie ses résultats qui vont déclencher un véritable séisme. Il a bien réussi un modèle mathématique absolument fidèle à la réalité, mais en envoyant par-dessus bord la façon habituelle de raisonner et de procéder mathématiquement. Il reprend bien les équations de la physique classique, mais en tournant le dos au modèle de pensée qui l’avait précédé : il remplace les variables de ces équations, qui sont des intensités et des fréquences de la lumière émises par les électrons lors de leur saut quantique, ils les remplacent par de grands tableaux, ceux des intensités et des fréquences recueillies par Niels Bohr, lors de ces expérimentations, et qui sont encore totalement inexpliquées. Heisenberg les confit donc en block aux équations déjà éprouvées de la science classique et fait ensuite confiance au calcul matricielle qui est absolument infernal lorsqu’on le découvrir et surtout lorsqu’on effectue soi-même tous les calculs à la main sans la moindre machine à calculer, on est vers 1925 ! Un autre physicien, Steven Weinberg, prix Nobel, décrira un plus tard ce très hardi et ardu cheminement matriciel en ces termes : [début de citation] « Même si je crois que je comprends la mécanique quantique, je n’ai jamais saisi les raisons d’Heisenberg pour enchaîner les étapes mathématiques de cette publication. Il n’est généralement pas difficile de comprendre les articles des physiciens-sages, mais ceux des physiciens-magiciens sont souvent incompréhensibles. En ce sens, le mémoire d’Heisenberg de 1925 était pure magie » [fin de citation]. Comme tout grand physicien, celui que je viens de citer à l’instant ne plaisantait pas en parlant, métaphoriquement bien sûr, de « pure magie » pour qualifier les travaux d’Heisenberg, il exprimait un étonnement sans limite. De son côté, le jeune et prodigieux Heisenberg décrira aussi son état d’esprit à la suite de sa performance. Il écrira avoir été profondément troublé avec, je le cite encore : « la sensation de regarder vers un intérieur d’une étrange beauté » [Fin de la citation]. Dans son for intérieur, il avait donc vécu un moment très particulier, ce jeune mathématicien, une sorte de rencontre extatique avec l’étrange beauté de la matière livrée ainsi au regard humain par le langage mathématique. Dans les mois qui suivirent, son directeur Max Born, ainsi qu’un autre jeune physicien Pasqual Jordan, clarifient avec Heisenberg tout son cheminement mathématique et publient cette nouvelle version, plus limpide et enrichie, qui donnera à la mécanique quantique sa première assise scientifique indiscutable. Écoutons ce qu’en dit Albert Einstein lui-même, en 1926, de cette nouvelle version parfaitement aux normes des publications scientifiques. [Je le cite] « Le développement le plus intéressant de ces derniers temps est la théorie de Heisenberg-Born-Jordan des États quantiques, un vrai travail de sorcellerie ! » [fin de la citation]. Vous voyez donc qu’en cette période très singulière de la science, des scientifiques qui étaient déjà ou furent ensuite Prix Nobel n’hésitaient pas à exprimer leur extrême surprise en des termes métaphoriques de magie ou sorcellerie. J’insiste bien, il s’agit uniquement de métaphores. La métaphore est faite pour augmenter la sensation de surprise, ici. Nulle sorcellerie n’a jamais conduit bien sûr à des théories scientifiques. Par-contre, la réalité du monde qui nous constitue au niveau de la matière de base, celui des atomes, des éléments de lumière, etc., non seulement est constituée de choses qui nous surprennent, mais elle se dévoile en partie à notre regard de la science et surtout, dans ce dévoilement il y a du merveilleux, comme dans un conte de fées. Je terminerai sur cette toute dernière surprise qu’a été la découverte du caractère entièrement ondulatoire des corpuscules élémentaires et qui a donné naissance à de nouvelles branches de la théorie quantique qui ont dévoilé un univers très vibratoire dans ses fondements. À cette même époque, donc des années 1920, et avec les mêmes données de Niels Bohr sur les sauts quantiques d’électrons, cette théorie ondulatoire, radicalement différente de la précédente allait fournir un autre modèle mathématique expliquant parfaitement ces mêmes données, mais sous une forme bien plus facile à utiliser que le calcul matriciel initié par Heisenberg. Ce modèle ondulatoire est produit en 1926 par un certain Erwin Schrödinger qui lui-même se fonde largement sur les travaux de Louis de Broglie, un Français qui venait de soutenir sa thèse de Docteur d’État démontrant que les particules élémentaires sont pilotées par un mécanisme purement ondulatoire. Cela ne veut pas dire que les corpuscules élémentaires seront remplacées par des ondes. Elles existent, elles continuent à exister, à avoir une masse et une vitesse. Cela veut dire simplement qu’elles se déplacent dans des itinéraires non-rectilignes, comme le verbe ondoyer le suggère. Le modèle de Schrödinger va s’avérer bien plus facile à utiliser que celui, matriciel, initié par Heisenberg. Schrödinger démontrera lui-même peu de temps après qu’il y a une équivalence mathématique complète entre les 2 modèles.

Chère auditrice ou auditeur, j’arrête ici ce parcours résumé des nombreuses surprises qui ont jalonné les 3 premières décennies de la théorie quantique, il y a environ un siècle, et qui témoignent de la jubilation et de la créativité scientifique qui s’est toujours accompagnée de descriptions métaphoriques ou poétiques fortes, et qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours où la théorie quantique ne nous a jamais autant parlé, interpelé même 

Dans le 3ème et dernier podcast de cette série, intitulée « Quand la théorie quantique parle à Psyché »  et dont le thème sera le dépassement. Nous verrons pourquoi et comment cette théorie est plus qu’une simple théorie scientifique parmi d’autres, mais qu’elle nous parle à nous individus, un parmi 7 milliards et demi de concitoyens du monde, plus ou moins perturbés par quantité de pensées et perplexes face à un monde secoué par tant de chaos et de défis, et dont nous sommes inséparablement les co-auteurs.

Auditrice ou auditeur, je vous dis donc à très bientôt et vous remercie pour votre écoute.

Bonjour à toutes et à tous,

Nous voici arrivés à ce troisième et dernier podcast de la courte série intitulée « Quand la théorie quantique parle à Psyché ». Je vous invite naturellement à écouter ou réécouter les deux précédents podcasts, ainsi que le tout premier qui était intitulé « Connaissez-vous Psyché ? » et vous rappelle aussi que toutes les sources scientifiques des propos et des citations de ces podcast vous sont également accessibles.

L’objectif de ce troisième podcast est de parler des dépassements auxquels nous convie la physique quantique. Il y a plusieurs dépassements qui nous sont exigés aujourd’hui pour comprendre notre monde et nos interactions avec ce monde, qui sont aussi nos interactions avec nous-même, et la théorie quantique nous offre le moyen rêvé pour accéder à certains de ces dépassements. D’abord, pourquoi parler de dépassements ? C’est pour indiquer qu’il est nécessaire de changer pour pouvoir à la fois comprendre, agir efficacement et être heureux, ou joyeux, comme vous voulez. Le premier de ces dépassements, c’est celui des mots. Les mots qui sont utilisés pour décrire divers aspects de cette théorie, ne sont pas justes, pas toujours justes, et cela depuis les tout débuts de la théorie. Les équations sont justes, pour les nombreuses et bonnes raisons que nous avons déjà évoquées, mais quand il s’agit de les expliquer dans le langage courant, ce qui est très possible en fait : on sait en effet, de nombreux physiciens l’ont montré, qu’on peut expliciter en langage clair ce que disent mathématiquement ces équations. Mais on peut aussi, et c’est assez fréquent, se tromper et donner des interprétation fausses de ces résultats expérimentaux. Car, comme nous l’avons vu jusqu’à maintenant, ces expérimentations et leurs équations nous montrent des choses souvent invraisemblables pour nos habitudes de pensée. Elles sont parfois inadmissibles ces choses. Il nous faut comprendre que nous ne comprenons pas, tout en découvrant ce que cette théorie a à nous faire découvrir, et qui peut s’avérer vital aujourd’hui. C’est cela le premier dépassement qu’il nous faut faire : comprendre et accepter que nous ne comprenions pas tout, tout en découvrant ce que cette théorie a à nous faire découvrir et que je vais essayer de vous monter.

Écoutons Richard Feynman, l’un de ses plus éminents spécialistes et Prix Nobel. Il écrit [je le cite] : « (…) je crois pouvoir dire que personne ne comprend la mécanique quantique, on comprend très bien comment ça fonctionne, mais on ne comprend pas pourquoi. » [fin de la citation]. Vous voyez combien cette déclaration est forte. Et Feynman est d’un des plus appréciés des théoriciens par ses collègues et pour ces apports décisifs à la compréhension des phénomènes quantiques. 

Comprendre les difficultés de compréhension posées par la théorie quantique, y compris aux chercheurs les plus experts, revient aujourd’hui autant à la société qu’à la science, compte tenu du nombre d’ouvrages qui nous la présentent avec suffisamment de clarté et de détails pour que tout le monde puisse en profiter. Comprendre pourquoi cette théorie est si fiable, si productive d’applications telles que nos écrans, smartphones et satellites, si présentable en langage courant, mais dont les phénomènes quantiques qui la constituent sont pourtant si hors de portée de nos possibilités spontanées de compréhension. Telle est la tâche qui semble revenir aujourd’hui à tout un chacun. Mais surtout, surtout, c’est que cette tâche nous amène à dépasser nos erreurs de raisonnement. C’est pour cela que cette théorie est si intéressante. Elle est plus qu’une théorie, elle nous sert de miroir de nous-même tout en nous apprenant que les bases physiques de notre monde, de notre univers et donc de nous-même sont plus étrangement belles qu’on ne s’y attendait. 

L’emploi même du mot science demande à être mieux compris qu’il ne l’est le plus souvent. Écoutez ce qu’en dit Richard Feynman [que je cite à nouveau] :

« Si quelqu’un vous dit :  » La science nous apprend que… « , il n’emploie pas le mot science comme il faut. La science ne nous apprend rien : c’est l’expérience qui nous apprend quelque chose. Si on vous dit :  » La science montre que… « , répondez :  » Comment la science le montre-t-elle ? Comment les savants ont-ils trouvé ça ? Comment ? Où ? Quoi ?  » On ne doit pas dire :  » La science montre que… « , mais :  » Telle expérience, tel effet, montre que…  » Et vous êtes en droit, vous aussi, comme tout un chacun, après avoir entendu un compte rendu de ces expériences (mais attention, soyez patient et écoutez bien tout) de décider si la conclusion qui en a été tirée est raisonnable ou pas. »

[Fin de cette citation]

Feynman, comme quelques autres grands scientifiques, s’adresse à nous et nous dit que tout un chacun est en droit de décider, pour elle ou lui, dans son for intérieur, si la conclusion qui a été tirée d’une expérimentation de physique est raisonnable ou pas. Pourquoi dit-il « en droit » ? C’est parce que le droit tel qu’évoqué dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, implique un devoir, un devoir de notre organisation sociale de nous permettre d’accéder à cette capacité de conclusion par nous-même, au moyen bien sûr de l’éducation et de l’information, qui sont aussi des droits universels. C’est bien la théorie quantique qui, par la voix ici de Richard Feynman, l’un de ses plus éminents spécialistes, c’est bien la théorie quantique qui parle en direct à Psyché, qui nous parle en tant que personne à part entière, c’est-à-dire responsable de nos pensées comme de nos actes, et qui nous dit que ce qu’il dit ce monde scientifique, c’est à nous de le comprendre et de dire ce qui est raisonnable ou pas. Mais il insiste bien, cet auteur ; il dit « soyez patient et écoutez bien tout ». Il nous faut être patient. L’exposé d’un résultat d’expérience quantique est très différent d’une annonce publicitaire sur notre smartphone ou à la télévision, où là, on vous dit ou on vous montre des choses ultra simples, qui ne demandent jamais de temps de compréhension. En théorie quantique, c’est tout le contraire : il faut se donner le temps de bien écouter un résultat d’expérience, en freinant les réactions spontanées de notre cerveau, vu que ce qui est exposé est souvent étonnant, parfois peu croyable, et ces impressions détournent notre attention.

En outre, ce que produit la théorie quantique nous atteint de plein fouet si l’on peut dire, puisque tous nos objets de communication découlent d’elle mais aussi tout ce qui vient grossir l’armement, voire le surarmement du monde. La théorie quantique, tel qu’il est facile maintenant de la connaître dans ses capacités d’action, dans ses capacités redoutables comme dans ses choses merveilleuses, cette théorie quantique nous invite à être extrêmement responsable et extrêmement conscient, c’est l’un des grands messages de cette théorie quantique.

Mais elle peut être aussi un modèle de comportement ? Elle nous donne l’exemple, elle nous apprend que seules les relations sont opérantes. Ce qui saute aux yeux, pour peu qu’on y soit attentif, c’est que le monde naturel n’est construit, ne se construit que par des interactions, nous l’avons vu dans les deux précédents podcasts. De part en part, cette théorie est relationnelle, ou interactionnelle si vous voulez. Seules les interactions construisent la réalité physique. Mais ces interactions sont hors du temps. Elles ne proviennent pas de ce qui s’est passé l’instant d’avant. Chaque interaction est un événement tout neuf, qui ne s’est jamais produit auparavant, une création pure en quelques sortes. Ce n’est que statistiquement et à notre échelle que les phénomènes quantiques nous apparaissent comme des enchaînements de cause à effet. En réalité, dans le monde microphysique, seules les relations sont opérantes.

Et à notre échelle, nos vies se construisent aussi, de bout en bout dans des interactions, même si ces interactions ont des causes et des effets, elles n’en sont pas moins les seules réalités qui se produisent d’instant en instant. Comme l’ouvrage de Cosnier Le retour de Psyché l’illustre à travers d’innombrables recherches scientifiques dans le champ de l’éthologie, les interactions sont la base de la vie animale comme de la vie humaine et sociale. Ces travaux scientifiques montrent que tout dépend de la qualité des interactions. Si elles viennent à manquer, ou si elles sont dégradées, comme par exemple dans ce qu’on appelle un dialogue de sourds, c’est le développement dans le temps, sur la durée si vous voulez, qui est dégradée et peut aboutir à des catastrophes. Tout se joue dans l’instant de l’interaction. Tout dépend de la qualité des interactions, tout dépend de la présence, de la conscience des personnes qui interagissent. L’homologie entre le monde quantique et ce qui devrait, dans l’idéal, se passer entre des personnes ou des groupes humains est très frappante. La cacophonie dans un groupe humain ou la guerre entre pays sont les résultats inéluctables des interactions inexistantes ou très dégradées. Nos interactions sont conduites au moyen du langage, mais le langage n’est positivement opérant que s’il est habité pas Psyché, c’est-à-dire par une conscience très active sur toute les facettes d’un simple échange entre humains. Le retour de Psyché, c’est le retour d’une intelligence et d’une sensibilité qui soient le véritable pilote des mots échangés, la guerre sous toutes ses formes étant l’absence de cette conscience qui fournit intelligence et sensibilité dans les interactions, seule voie de résolution des difficultés. Il faut aussi percevoir que les interactions se produisent hors du temps, comme la plupart des phénomènes du monde quantiques. Même si des négociations entre personnes peuvent paraître longues et fastidieuses, selon les sujets traités et leurs enjeux, les instants d’interaction réussie sont hors du temps. Lorsqu’on se comprend, le temps n’existe plus de la même façon. Les réactions qui sont à la base du temps sont les réactions d’agacement, de colère, d’opposition systématique, etc., associées à quantités de raisons qu’il revient à Psyché de percevoir à tout instant. Lorsque ces réactions nocives à l’interaction sont contenues par Psyché, et non pas réprimées, le temps n’est plus le même. Je parle bien sûr du temps psychique, c’est-à-dire du temps tel que vécus par notre système neuropsychique.

Je voudrais terminer ce podcast sur une importante remarque concernant tout ce qui vient d’être dit. À aucun moment il ne s’est agi d’appliquer les équations de cette théorie à notre vie ou à notre société, encore moins de prêter foi à un charlatanisme du quantique mis à toutes les sauces telles que celle du paranormal, des thérapies quantiques, etc., ni même d’interpréter cette théorie dans le sens d’un certain mysticisme quantique, qui existe effectivement mais qui demande à être étudié de près plutôt que condamné ou suivi aveuglément.

Non, ce qui a été exposé concerne uniquement ce que cette théorie peut nous inspirer, nous permettre de découvrir, soit par similitude, ou par homologie si vous voulez, entre ce qui se passe dans le monde quantique et ce qui se passe dans notre monde, entre des personnes ou des groupes humains, soit par notre propre prise de conscience, en la découvrant, de la surpuissance technologique, économique, commerciale et géopolitique qu’elle confère aux organismes, au États ou aux industriels qui sont en position de décider, hors de tout processus démocratique, ce qu’ils veulent en faire. La théorie quantique parle à Psyché de tout cela et nous appelle à la responsabilité. Rien n’est caché. Tout est clair ou peut le devenir pour peu que nous posions toute notre attention sur ce qu’elle nous dit. Elle nous dit la beauté de la nature et de la matière, dans ses fondements qui sont les atomes, la lumière, les électrons, etc. Elle nous indique notre difficulté à la comprendre, avec nos cerveaux conditionnés à la seule compréhension de choses superficielles. Elle nous dit enfin qu’elle donne accès à la superpuissance. Et là, ça n’est plus la théorie quantique, mais notre seule conscience, individuelle et collective, qui doit prendre le relai. Il nous revient, en tant que personne responsable, de tout faire pour que les usages de cette théorie quantique, les usages autrement dit des innombrables technologies auxquelles elle donne l’existence soient utilisés pour la vie, et non pour nous détruire individuellement et planétairement, le premier usage planétaire de la théorie quantique ayant été la construction des deux bombes atomiques qui ont été lâchées, sur Hiroshima puis Nagazaki, les 6 et 9 août 1945, la première à l’uranium, la deuxième au plutonium. Cela signe la puissance de nos connaissances sur la matière et l’énergie, autant que celle de notre inconscience et notre immaturité dans la détention de telles connaissances. C’est donc bien à un dépassement de nous-mêmes que nous convie l’existence de cette théorie, c’est-à-dire à une révolution de la conscience et de la responsabilité individuelle et planétaire. Elle nous en indique le chemin, son chemin, le chemin de ses équations. Ce chemin est relationnel. Cette théorie est d’un bout à l’autre de ses développements une théorie relationnelle, comme l’ont analysé Michel Bitbol et plusieurs autres éminents auteurs.

C’est donc sur ces mots de conclusion, cher auditrice ou auditeur, que je termine cette très brève série de trois podcasts intitulée « Quand la théorie quantique par à Psyché », et vous invite à écouter ou réécouter les autres podcasts de notre association ARCI, qui nous permet de les réaliser pour vous.

À bientôt.

Bonjour. Voici en quelques mots ce qu’est la « Sociologie de l’acteur-réseau », également appelée « sociologie de la traduction ». C’est un cadre théorique qui vise à étudier les démarches collectives innovantes afin d’en comprendre le cheminement et de guider vers le succès les acteurs qui l’entreprennent. Ce cadre théorique est très important car il est avant tout très pratique. Tout en s’appuyant entièrement sur la science, il cherche à aider véritablement les êtres humains que nous sommes, et qui travaillons en réseau, à s’éclairer mutuellement pour réussir ensemble un projet d’innovation. Plusieurs chercheurs, autour de Madeleine Akrich, Michel Callon et Bruno Latour, l’ont pensé, expérimenté et véritablement promue. 

Ce cadre théorique de l’acteur-réseau consiste à étudier, dans l’instant de leur émergence, les mécanismes d’invention de nouvelles pratiques, en accordant une place fondamentale aux relations des acteurs vis-à-vis du projet innovant, afin que celui-ci se traduise par un changement effectif dans la société, en suscitant l’adhésion de nombreux alliés. L’invention… est alors le résultat d’un construit social entre les partenaires du réseau qu’elle aura réussi à mobiliser. La traduction se conçoit alors comme l’éclairage que chacun apporte aux autres personnes à partir de ce qu’il ou elle perçoit, comprend et propose pour converger vers l’objectif fixé. Mais ces apports de chaque personne peuvent être controversés, rencontrer des points de vue différents, voire de fortes oppositions. C’est alors, par un semble de méthodes spécifiques prévues par cette sociologie dite de la « traduction », qu’une convergence des interactions aura toutes les chances d’émerger. 

Tout en laissant toute sa place à la créativité et à l’originalité de chaque projet l’ensemble de cette approche théorique est très organisé. 

L’effectivité de ce travail de traduction est assurée, est en quelques sortes garantie, par l’expérience et le savoir-faire de « traducteurs », c’est-à-dire de personnes rompues à cette pratique et capables de susciter des adhésions au désir de dépasser les contradictions, éclairer les moments complexes des interactions et permettre l’émergence d’un état de satisfaction des acteurs du réseau et de réalisation de l’objectif fixé.

Voilà. C’est dit un peu rapidement mais cela vous donne une idée de cette théorie de l’acteur-réseau, qui de mon point de vue est essentiellement une pratique humaine et professionnelle reposant sur une culture de l’interaction.Je vous remercie pour votre écoute.