Bernard MARTIN
Bonjour à toutes et tous,
Je dois d’abord vous dire que notre conférencier , Vincent Rialle, a été retenu chez lui par une intervention chirurgicale de sa femme qui le conduit à rester auprès d’elle. Il est présent en visio, il nous entend et il interviendra comme c’était prévu, mais nous n’aurons pas l’a chance de lui serrer la main et de débattre avec lui en vrai.
Notre premier témoin, Martin Jacob, est là, lui, et nous l’entendrons et la questionneront tout à l’heure.
Les suivants, Valentine et Alex, nous ont préparé une petite vidéo de témoignage.
Je vous présenterai nos intervenants mais je voudrais d’abord vous parler du thème de notre conférence.
Elle va s’efforcer d’éclairer LES ENJEUX du numérique AUJOURD’HUI, pour nous certes, mais aussi pour nos sociétés. Ces enjeux sont largement civilisationnels, tellement l’empreinte du numérique marque nos vies individuelles et collectives. Ce sont des enjeux d’influence culturelle, voire politique , des enjeux de puissance, des enjeux financiers et bien sûr des enjeux de qualité de vie professionnelle, de reconversion ou de chômage dont vont nous parler nos intervenants.
Je vais vous donner quelques chiffres préalables; 60 à 70% de la population mondiale est active sur internet mobile(5milliards sur 8).
Les usages de la bande passante(le support dans le tuyau) sont dans l’ordre d’importance ; la video à la demande pour 2/3 dont moitié pour les séries et moitié pour le porno. Les réseaux sociaux et les questionnements occupent l’essentiel du reste. L’activité des banques, des entreprises, des services publics et des armées ou de chercheurs n’occupe qu’une faible part du débit de la bande passante.
Distraction…distraction…
Nos intervenants vont poursuivre et je vous les présente :
Notre conférencier d’abord, Vincent Rialle, est maître de conférences-praticien hospitalier émérite à l’Université Grenoble Alpes. Après une carrière de 36 années au Centre Hospitalo-Universitaire Grenoble Alpes, il se consacre à des recherches-actions et des enseignements répondants aux défis de notre époque dans deux domaines : celui de la santé sociale et psychique d’une part, celui ensuite de notre univers numérique, au centre duquel se trouve l’intelligence artificielle aux effets extrêmes sur les personnes et la planète.
Nos trois témoignages d’acteurs professionnels :
– Martin Jacob, ici présent ; Professeur de design de jeux vidéo et concepteur et réalisateur de jeux vidéos à vocation pédagogiques et/ou ludiques.
– Valentine Lynn; sera en video, elle est représentante dans un service d’après vente à Edimbourg, du groupe mondial Trainline (vente de billets de train et de bus en ligne).
– Alex Flynn, son mari, sera aussi en vidéo, il est physicien clinique en radiothérapie à l’hôpital d’Edimbourg.
Valentine racontera les deux témoignages afin que tout soit en français.
Pendant les exposés, vous pourrez intervenir en levant la main pour qu’on vous passe le micro, aujourd’hui c’est obligatoire à cause de la visio. Vous tiendrez le micro très près de la bouche et devant vos lèvres.
Enfin, je rappelle que vous pouvez soutenir l’action d’Agora en:
– laissant votre adresse mail pour recevoir les infos de L’Echappée,
– adhérant, tout à l’heure en sortant,
– versant au chapeau la participation conseillée de 5 euros par adulte,
– discutant avec nous des possibilités de nous donner un coup de main. Bonne conférence à tous et je passe la parole à Vincent Rialle.
Vincent RIALLE
Le pouvoir exorbitant des big tech : de la crétinisation digitale et ses ravages à une possible transfiguration de l’humanité
Sommaire
Introduction
Bonjour à toutes et à tous,
Nous sommes réunis ce soir pour discuter du pouvoir exorbitant des Big Tech et de tous les enjeux liés à ce pourvoir. Je tiens en premier lieu à remercier l’organisateur de cet événement, Bernard Martin, ainsi que toute son équipe, de m’avoir invité à explorer, avec vous et avec les autres orateurs qui vont suivre, ce pouvoir exorbitant et ses nombreux enjeux.
Nous clarifierons ce que sont ces Big Tech, c’est-à-dire ces sociétés gigantesques fondées sur les technologies numériques. Quelles sont leur puissance et leurs conséquences à tous les niveaux, leur incidence dans les désordres du monde, leurs aspects irrésistibles, des plus dévastateurs aux plus salutaires et lumineux car fort heureusement ils existent aussi et depuis bien avant la naissance de ces Big Tech.
Mais avant d’aller plus loin, je voudrais souligner que toutes les observations, les analyses, les perspectives qui seront développées au cours de cet exposé ont pour visée principale le débat public et démocratique et pour socle la science et les ouvrages qui me paraissent les plus documentés, pertinents et encore une fois salutaires en ces temps planétairement agités que nous vivons. Pour terminer ces quelques mots d’introduction, je vous signale aussi que tout ce que je dirai est également écrit, avec toutes les références bibliographiques essentielles, et également ré-écoutable sous forme de podcasts que je tiens à votre disposition avec la petite association ARCI (www.rialle.eu/arcipod) qui m’aide à les produire.
Je vous propose que nous partions de ce qui nous touche, nous motive pour aborder ce soir cette question du pouvoir des Big Tech. Nous mettrons ensuite un peu d’ordre, donc un peu de science, dans ce qui va apparaître au début un simple parcours panoramique de désordres.
Ce qui nous touche
Ce qui nous touche, c’est ce qui nous parvient directement au regard, à nos oreilles et sollicite nos réflexions spontanées, pour peu qu’on lise la presse, regarde un peu les journaux télévisés et surfe un peu sur Internet.
Les réseaux sociaux font beaucoup parler d’eux, c’est le moins qu’on puisse dire (Coëffé, 2024) et malheureusement souvent pour nous apprendre des horreurs. Le meurtre de l’enseignant Samuel Paty du 16 octobre 2020, est venu d’accusations mensongères, insultes, menaces de certains de ses élèves sur plusieurs réseau sociaux dont [je cite] « Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Snapchat » (Devillier, 2020) [là j’ai fais une citation d’experts]. Ce meurtre a été suivi d’autres exactions de ce type ébranlant fortement notre assise sociétale de paix et de laïcité.
On lit aussi dans les médias que la moitié de la population mondiale se connecte au moins une fois par mois à l’un des services de Meta, c’est-à-dire Facebook, Instagram, WhatsApp, Messenger, etc., autrement dit la moitié de l’humanité peut aujourd’hui être incitée à la haine, mensongèrement informée, et donc indirectement appelée à commettre des meurtres (Chagnon, 2024), ceci en particulier par un titan de La Tech, le groupe Facebook, re-nommé META en 2021.
Notez que la Tech, c’est une expression qui désigne depuis quelques années l’ensemble des technologies informatiques, incluant tous les objets physiques, que ce soient les smartphones, ordinateurs, satellites, etc. et toute la partie logicielle, c’est-à-dire les innombrables « applis », appli signifiant « application », tous les réseaux-sociaux, l’Intelligence artificielle, etc. autrement dit tout Internet ? C’est cela la tech.
Continuons notre petit cheminement parmi les informations glanées sur Internet, un peu à droite et à gauche, mais toujours à des sources fiables. Tenez, prenons le CNRS, le Centre National de la Recherche Scientifique. À la suite d’une vaste enquête récemment publiée par l’un de ses éminents chercheurs, Olivier Alexandre, ce dernier nous donne ses conclusions concernant, justement la tech. Il nous dit cette année, [je le cite] : « La Tech est devenue un cauchemar », « elle est synonyme de dépendance aux écrans, de surveillance, de désinformation, d’exploitation économique, celle des travailleurs des plateformes et celle des données des utilisateurs. Même la promesse de l’immatériel et du Cloud cède le pas devant la multiplication des usines d’assemblages, des câbles, des data centers et des mines de métaux rares. » [fin de la citation] (Alexandre, 2024). Là, au moins, nous avons un avis très autorisé – ce n’est pas un propos de technophobe ou tenant de la théorie du complot, c’est un chercheur, à la suite d’une étude tout ce qu’il y a de plus rigoureux. Et qui conclue pertinemment que c’est véritablement un cauchemar.
Continuons notre pérégrination et arrêtons-nous sur les ravages des big tech sur la jeunesse tel que révélé par un récent « Rapport basé sur des données d’utilisation anonymes d’environ 180 000 familles avec enfants ». Ce rapport nous apprend que [je cite] « outre-Atlantique, 44 % de la génération Alpha [c’est-à-dire les enfants de 7 à 9 ans] possèdent déjà leurs propres tablettes », que « dans le top 5 de leurs applications les plus fréquentées, un tiers d’entre eux surfent sur X », enfin que « aux États-Unis, plus de la moitié des adolescents (51 %) signalent avoir déjà été exposés à de la pornographie par accident, simplement en cliquant sur un lien. Selon les experts, le nombre de crimes de pédopiégeage (grooming en anglais) – pratique qui consiste en l’utilisation d’applications ou de sites Internet par des pédophiles, pour entrer en contact avec des enfants, afin de les rencontrer ensuite dans la vie réelle – est une pratique en constante progression ces dernières années. Au Royaume-Uni, le nombre de crimes de pédopiégeage a grimpé de plus de 80 % entre 2017 et 2022 » [fin de cette longue citation] (Baron, 2024).
Nous apprenons, toujours dans ce domaine des ravages des réseaux sociaux les plus utilisés sur la jeunesse, que pas moins de quarante-deux États américains ont porté plainte il y a tout juste un an contre Meta (c’est-à-dire, encore une fois, Facebook, Instagram, WhatsApp, Messenger, etc.), accusant cette immense pieuvre planétaire moderne, de nuire à la santé mentale des jeunes (Goulard, 2023). Quarante-deux États américains, vous vous rendez compte ! Le pays même où est née cette titanesque entreprise. Méta est accusé du fait que ses applications sont conçues pour être aussi addictives que possible, et d’avoir dissimulé ce fait absolument monstrueux aux consommateurs. Que ce procès soit fait sur le sol américain a de quoi nous faire réfléchir sur l’absolue vérité de la gravité de la situation. Nous ne sommes pas dans ici dans une rumeur complotiste. C’est du réel le plus concret. S’il en est ainsi aux États-Unis c’est donc qu’il en est ainsi à travers la planète entière, vu que près de 4 milliards de personnes sur Terre, c’est-à-dire la moitié environ de la population mondiale, se connecte mensuellement à l’une des applications de Meta (Chagnon, 2024). C’est un pouvoir exorbitant que nos sociétés donnent mondialement, à une petite poignée de gens par rapport aux près de huit milliards d’êtres humains. Plusieurs autres procès pourraient ainsi être cités, y compris aux États-Unis, tel le procès antitrust intenté contre Google par le ministère de la Justice et onze États américains en 2023 (Halifa-Legrand, 2023; Nora, 2017, 2023).
Un autre pouvoir exorbitant est celui de la criminalité Internationale grâce aux messageries cryptées. En 2023 a éclaté au grand jour la facilité avec laquelle les activités criminelles, les trafics de stupéfiant, blanchiments d’argent sale, projets d’assassinat, tout ce que notre monde peut compter de corrupteur peut être encouragé et facilité par le cryptage d’information sur Internet et l’industrie des smartphones qui sont spécialement apprêtés par des logiciels spécifiques pour être indétectables (Chevillard, 2024). Techniquement, la recette est assez simple. Il suffit de réaliser une appli, c’est-à-dire un petit logiciel informatique aujourd’hui réalisable par tout informaticien un tant soit peu formé à ce genre de logiciel. Cette appli met à la disposition du client une messagerie privée garantissant un anonymat absolu, avec abonnement de 6 moins par exemple, et la possibilité de réinitialiser à distance et à tout moment le smartphone en cas de saisie par la police ou autres. Seule nécessité, la vente la plus cachée et non traçable possible de ces appareils trafiqués avec messagerie cryptée préinstallée. Cet ensemble peut être commandité de manière entièrement occulte à des « ingénieurs du chaos », selon le titre d’un ouvrage très connu de Giuliano Da Empoli (Da Empoli, 2023). Cette catégorie « d’ingénieurs » entre guillemets n’a d’ailleurs rien de nouveau puisqu’elle a été identifiée depuis au moins 25 ans (Harbulot et al., 2002). Elle désigne des personnes très spécialisées dans les usages dissimulés d’Internet au service de tout dessein occulte privé, criminel ou étatique même. Il existe donc un marché potentiel invisible et très juteux de ce type de dispositif vendu clé en main, et dont les clients sont autant issus du banditisme international ou local que des opérations de déstabilisation politique ou idéologique venues de certains pays. Ce pouvoir a été enfanté par le surdéveloppement désordonné, dérégulé, de La Tech. Cela commence un peu à changer. Mais on est encore très loin d’abolir ce pouvoir le plus catastrophique et destructeur qui se puisse imaginer, mais pour lequel il est difficile d’inculper directement les GAMAM, ou les GAFAM comme on disait avant. Par-contre, des géants de la construction de smartphone, ne sont toujours pas tenus de garder la trace de leurs ventes de matériels et c’est à cette source de matériel que se sert cette criminalité par messagerie cryptée. GHOST est le nom une telle messagerie privée avec son organisme criminel qui a été récemment découverte et démantibulée par Europol, l’agence de l’Union européenne pour la coopération des services répressifs. C’est ainsi que le directeur exécutif adjoint des opérations d’Europol à récemment déclaré, lors d’une conférence de presse, que pour coincer les malfaiteurs, il s’est agi [je le cite] « d’un véritable jeu du chat et de la souris à l’échelle mondiale » [fin de citation]. En effet, le dirigeant de Ghost était en Australie, l’appli criminelle utilisait des serveurs situés sur le sol français et en Islande, tandis que tous ses actifs financiers étaient aux États-Unis. Lorsqu’on sait que Ghost a pu fonctionner durant 9 années, qu’il n’est que le dernier d’une longue série de démantèlements, et que l’enquête et l’opération complète de démantèlement a reposé sur les gendarmes français aidés [je cite] « par des « équipes techniques » espagnoles, hollandaises, allemandes ou norvégiennes, et (…) « l’appui marqué de la commission européenne » » [fin de citation] (Chevillard, 2024). Savoir tout cela permet de commencer à entrevoir l’ampleur du désastre que constitue le marché des applications de messagerie cryptée qui est en plein essor et qui constitue l’un des pouvoirs les plus exorbitants de Big Tech, c’est-à-dire celui d’offrir en quelques sorte une autoroute pour la déstabilisation criminelle et parfois politique du monde.
Poursuivons cette édifiante promenade sur Internet par des nouvelles concernant les dix premières valorisations boursières, c’est-à-dire les dix premiers super géants financiers valorisés en bourse. Cette liste comptait en 2005 un seul géant du web, à savoir « Microsoft », parmi Exxon Mobil, General Electric, etc. En 2022, cramponnez-vous bien, 8 sociétés sur 10 sont des Géants du Web, à savoir Apple, Amazon, Microsoft, Google, Facebook, etc. (ENS, 2024). Je ne vous cite là que des noms qui parlent, parce que plusieurs sociétés en grossissant ont changé de nom et cela nous parle moins : Google est devenu Alphabet, Microsoft est devenu MSFT et Facebook est devenu META. Mais continuer à bien vous cramponner : il y a une neuvième société, non comptée parmi ces huit géants officiels du Web, c’est TESLA d’Elon Musk, or nous savons que Musk en ayant racheté Twitter pour la modique somme de 44 milliards de dollars c’est invité de fait parmi ces géants du Web ! Le nouveau nom qu’il a donné à Twitter est X. Nous apprenons donc que neuf titans commerciaux sur les dix plus gigantesques sont des Big Tech, et qu’ils sont presque tous américains. Nous savions — il a été prouvé par des sources les plus solides – que ces géants favorisent, qu’ils le veuillent ou non, la désinformation, le cyber-harcèlement, la vente illicite d’armes et de toutes sortes d’objets ou substances illicites, et in fine la haine et le chaos. Ce n’est pas moi qui noirci le tableau, ou qui force le trait, ce sont des données fiables, reconnues et publiées.
Nous voilà donc édifié par ce premier tour de piste panoramique sur la tech et les Big Tech, tel que nous pouvons toutes et tous le faire, car ces informations vous sont accessibles. Elles sont à trier bien sûr dans le flot absolument vertigineux d’informations que véhicule Internet.
Classement en quatre axes
J’arrête ici ce tour de piste de ce que l’on trouve sur Internet de fort désagréable, pour entrer maintenant dans une analyse un peu plus approfondie de tout cela. Pour y voir plus clair dans ce maelstrom des pouvoirs des Big Tech, je vous propose un classement en quatre axes principaux. Le premier de ces axes est celui de la puissance financière ; c’est le pouvoir de l’argent. Le deuxièmes axe principal est celui du pouvoir d’action psychique sur les individus : c’est le pouvoir d’influencer directement les cerveaux, sans passer par l’étage de la conscience. Le troisièmes axe principal est celui du pouvoir d’action de masse : c’est le pouvoir d’influencer et de manipuler des populations, le pouvoir donc de les orienter dans une direction définie à l’avance, de les crétiniser en quelques sortes. Le quatrième axe principal est celui de pouvoir d’influencer les processus politiques même d’une nation, d’un pays, d’un État, ce pouvoir allant la plupart du temps dans le sens d’un sapement des processus démocratiques. Ces 4 dimensions principales de pouvoirs sont inspirées de l’analyse en composantes principales en mathématique : elles permettent de situer tous les exemples que nous avons cités, et qui sont tirés d’un flot immense de tels exemples de menaces et de nuisances extrêmes. Ces dimensions principales, je vous les résume par les quatres termes emblématiques que sont : Finance, Psychisme, Crétinisation et « « Totalitarisation » progressive ». Ce dernier terme, « « Totalitarisation » progressive », je l’emprunte à Hannah Arendt, j’y reviendrai) (Arendt, 2002).
Voyons chacune de ces dimensions, chacun de ces pouvoirs plus en détail.
a) La finance
Tout d’abord la Finance, le pouvoir de l’argent. La puissance financière des Big Tech est si phénoménale qu’elle leur ouvre presque toutes les portes, pas toutes mais beaucoup de portes, beaucoup trop. Ce premier pouvoir, financier, elles ne l’ont pas créé, on le leur a donné en quelques sortes en leur laissant le prendre par des voies en apparence juridiques. Elles ont simplement profité d’un système qui confère à l’argent, au pouvoir financier le pouvoir d’influencer directement la vie pratique d’un pays ou d’une région ; on pense notamment à la Silicon Valley en Californie. Des lois autorisant le cumul sans limite de profits en tout genre et les inégalités sans limite des salaires et des pouvoirs d’influence idéologique ont permis la naissance des géants technologiques et industriels de se constituer et de détenir un pouvoir exorbitant sur l’ensemble de la planète.
On parle par exemple beaucoup d’éthique, notamment en Intelligence Artificielle, depuis de nombreuses années. Mais dès qu’on entre dans la zone d’influence des Big Tech, tout change radicalement. L’emprise actuelle des géants financiers mondiaux, parmi lesquels les Big Techs occupent la principale place aux côtés de l’industrie pétrolière, pèse très fortement sur le courant de dénie des deux urgences mondiales que sont l’urgence climatique, qui nous achemine maintenant vers son paroxysme et l’urgence de gouvernance de la technoscience : l’absence quasi-totale de maîtrise du développement pèse lourdement sur les menaces de guerre, le basculement vers des dystopies totalitaires et le coût carbone dangereusement croissant du numérique. Les exemples ou l’appas du gain prend clairement le pas sur l’éthique sont nombreux et constants. Je pourrais vous en détailler plusieurs. Le fait qu’aujourd’hui 9 entreprises sur les 10 premières cotées en bourse sont des titans du Web, signe le fait que le grand triomphe de la cupidité dénoncé il y a 15 ans par le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz (Stiglitz, 2010), ce grand triomphe de l’aveuglement quasi total par la cupidité est remporté en 2024 par les Big Tech. Ce qui est tout dire sur ce pouvoir exorbitant qu’elle ont acquis de parvenir, si l’on n’y prend pas garde, à couler le monde, à l’image du Titanic, dans le gouffre sans fond de la dette publique ou des dictatures, ce qui sont deux effets qui se conjuguent.
b) L’emprise psychique
Le deuxième pouvoir s’attaque au psychisme. C’est le pouvoir d’influencer directement les cerveaux des personnes sans passer par la conscience des utilisateurs. C’est une influence exercée au moyen d’algorithmes, c’est-à-dire d’instructions précises exploitant à fond les possibilités de l’esprit humain d’être captivé, puis peu à peu « capturé » par ce qui se présente à sa vue et à ses oreilles, sur ces écrans du Web. Ces sociétés, toutes américaines au départ, se sont mises à découvrir au tournant des années 2000 qu’il était possible non seulement de captiver les internautes par des messages et des images répondant à leurs désirs, à leurs attentes, à leurs manques affectifs, mais aussi de véritablement les capturer, au sens fort du terme, c’est-à-dire développer chez eux des processus d’addictions, qui vont les pousser à rester longtemps devant leurs écrans et ainsi rentabiliser au plus haut point des publicités. Le mécanisme neurologique de l’addiction, quoiqu’assez complexe, peut s’expliquer aujourd’hui en termes simples, que je vous résume en deux mots. La réponse à tout manque met en route dans le cerveau ce qu’on appelle le circuit mésolimbique dopaminergique. Dès que l’internaute rencontre à l’écran un message, une image ou autre qui commence un tant soit peu à répondre à un manque, à un besoin, ce circuit neuronal mésolimbique libère de la dopamine, qui se traduit par le plaisir immédiat, mais aussitôt après, un autre mécanisme neuronal dit « je ne suis toujours pas comblé ». Le corps n’est pas dupe : le manque affectif est resté inchangé. Il y a alors une alternative qui se met en marche : soit on reboucle sur le plaisir avec une nouvelle décharge dopaminergique mais qui rencontre la même réponse du corps disant ça ne marche pas, si on reboucle toujours, c’est la chute dans l’addiction. Soit un autre circuit neuronal, lié celui-là à la conscience, remporte la partie et brise la boucle. Spinoza a parfaitement expliqué cela sans être neurologue, avec sa notion des passions tristes conduisant au désastre et sa notion de conatus guidant au contraire le perfectionnement constant de soi-même, qui conduit lui aussi à un plaisir mais celui-là d’une nature totalement libératrice des forces de vie. J’arrête là cette brève parenthèse à la fois neuropsychique et spirituelles, les deux ne faisant qu’une, pour revenir à nos triste Big Tech de l’aliénation. Il a été assez facile à des ingénieurs formés aux connaissances que je viens d’évoquer ainsi qu’aux techniques de propagandes et managériales qui avaient été très développées par le nazisme, pour fabriquer des algorithmes chargés de capturer l’attention et induire des idées et des comportements chez l’internaute à son insu. Cela a été très facile, ça a très bien marché, d’autant plus que c’est arrivé incognito, c’est passé inaperçu jusqu’aux jours où de premiers dégâts considérables sur les réseaux sociaux sont devenus manifestes. Des études montrant ces dégâts on commencé à être publiées au tournant des années 2010. Mais c’était déjà trop tard, l’âge du capitalisme de surveillance et de manipulation de masse venait de naître (Zuboff, 2020). Ces sociétés étaient déjà « too big too fail ». Le pouvoir exorbitant des Big Tech d’aujourd’hui de stimuler directement notre boîte crânienne, grâce aux écrans omniprésent et très addictifs de nos smartphones ou ordinateurs personnels s’étend d’années en années. Et ce pouvoir s’est transmis aux plus rusés des experts mondiaux en manipulation psychique de masse. Les Big Tech ont en effet émulé des vocations, ont permis la naissance d’experts en manipulation, ces fameux ingénieurs du chaos évoqués précédemment (Da Empoli, 2023; Lagnier et al., 2021).
c) La polarisation de groupes et la crétinisation de masse
Voyons maintenant le troisième pouvoir, qui est le pouvoir d’affaiblissement de la capacité de penser. C’est le pouvoir de crétinisation de groupes humains qui entretiennent ensuite entre eux cet affaiblissement voire cette haine de la pensée. Au départ, c’est simplement le pouvoir de répondre au désir de communication et de socialisation intrinsèque à la plupart des mammifères, mais en exerçant ensuite subrepticement un rétrécissement de la perception du monde et de l’altérité, c’est-à-dire de la capacité de raisonner avec et pour les autres humains, en les écoutant et en discutant avec eux, ce qu’Hannah Arendt souligne être le seul moyen d’arriver à penser (Maggiori, 2005)[1]. C’est donc au contraire la fabrique de groupes polarisés sur les mêmes certitudes. Des groupes plus ou moins vastes fonctionnant presque sans réflexion, mus par leur seul système émotionnel, agissant par répétition de ce qu’ils se disent, se montrent, avec en général un processus d’amplification émotionnelle.
Au départ, je le redis, ce sont des groupes qui partagent simplement des goûts ou des idées, rien de mal à cela, il en existe une véritable myriade, sur Facebook par exemple, qui ne font de mal à personne. Mais les algorithmes qui gèrent automatiquement ces groupes n’ont rien d’éducatif. Ils favorisent la non réflexion par les fameux « likes » (j’aime ou je n’aime pas). Tous cela produit une habituation des personnes à des réactions sans nuance, exclusivement fondées sur des réflexes émotionnels, c’est-à-dire l’inverse exact de la réflexion consciente, c’est-à-dire de la pensée. L’effet global est une amplification très forte des mêmes passions, des mêmes convoitises, des mêmes haines, induisant une prolifération des insultes, allant jusqu’à des passages à l’acte extrême, comme le meurtre en 2020 de l’enseignant Samuel Paty, ou encore des appels à s’attaquer physiquement à des biens ou à des institutions. Rappelons-nous l’appel de Trump à prendre d’assaut le Pentagone en 2021. Ainsi se fabriquent sur des réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram, X ou Tiktok des populations crispées, hyper susceptibles, influençables au plus haut point, très permissives au harcèlement sexuel et au « bashing », ce mot anglais désignant une forme moderne de lapidation par une dénigration collective massive d’une personne ou d’un sujet. Ainsi se créent des groupes de tendance « théories complotistes » ou d’autres de radicalisation extrémiste de type négationniste, raciste, antisémite, anti-avortement, anti-écologistes, etc.
L’ONG Amnesty International a qualifié de « menace systémique pour les droits de l’homme » le modèle économique de Facebook et Google en 2019. Cinq ans plus tard, rien n’a vraiment changé : Amnesty a encore récemment constaté [je la cite] « une multiplication alarmante, sur les plateformes de réseaux sociaux, des appels à la haine constituant des incitations à la violence, à l’hostilité et à la discrimination, interdits par le droit international relatif aux droits humains » [fin de citation]. Le CCDH, c’est-à-dire le Centre de lutte contre la haine numérique a révélé quant à lui en 2023 une prolifération des contenus antisémites sur X (l’ancien Twitter, revu et rendu pire par Elon Musk).
d) Le sapement des démocraties
Terminons maintenant cette liste des pouvoirs par le quatrième pouvoir qui est le pouvoir politique de « « totalitarisation » progressive » comme l’a très bien décrit Hannah Arendt dans son ouvrage « Les origines du totalitarisme » (Arendt, 2002) dans le cas des poussées totalitaires du XXème siècle. Plusieurs études ont démontré le totalitarisme rampant des Big Tech qui peu à peu impose des situations sociales, des états de faits qui n’ont jamais fait l’objet de décisions démocratiques. Or leurs actions exercées sur les individus et les groupes rappelle assez la « totalitarisation » progressive des masses qu’Arendt a analysé dans ses travaux sur la montée progressive des nazisme, fascisme, bolchévisme, à partir des années 1920 (Arendt, 2002). Arendt montre que la société totalitaire est une société de gens centrés sur eux-mêmes, aux liens sociaux très distendus et pour lesquels l’intérêt commun n’est plus perçu. C’est une « société sans classes », c’est-à-dire sans agora, sans lieux de rencontres et de débats. C’est une société de gens qui obéissent à des dictats et finissent par s’en remettent entièrement à un dictateur pour prendre toute décision. Si l’on regarde précisément le type de personnes produite par les trois pouvoirs précédemment cités : le pouvoir psychique de masquer l’altérité, de construire des personnes centrées sur elles-mêmes, aliénées aux consommations, addictives aux écrans, ne dialoguant plus qu’avec leurs supposés intérêts personnels, très sensibles à la peur de l’autre, à la crainte d’être dépossédé de leurs habitudes et possessions, etc. C’est sur ce type de personnes que se construisent les pouvoirs dictatoriaux.
Je clos ici cette première partie, de 32 minutes, qui a traité des pouvoirs exorbitants et négatifs des Big Tech, et vous invite à écouter la suite, la partie 2 de cette conférence, qui aborde les aspects prodigieusement lumineux d’Internet.
La part lumineuse d’Internet
C’est une page beaucoup plus réjouissante, que celle du côté extrêmement éclairant d’Internet, de l’Intelligence artificielle et du numérique dans son ensemble. C’est la page qui va nous offrir de sortir de ce cauchemar, comme Olivier Alexandre du CNRS l’a qualifié non sans quelques solides raisons objectives. Nous passons donc du cauchemar à l’éveil qui se vit aujourd’hui à travers non seulement une multitude d’initiatives et de personnes qui s’engagent pour qu’il soit un jour pleinement restauré, mais aussi par un effort très soutenu par quelques gouvernements démocratiques qui ont enfin compris que l’humanité était dans un mauvais pas (Chabot, 2024). Cet éveil fut un temps présent, notamment à l’aube d’Internet (Castells, 2001; Himanen, 2001) et autour des années 1990 avec l’émergence du World Wide Web (ou « le Web »), lorsque Tim Berners-Lee (Berners-Lee, 2025) introduisit son langage HTML et permit ainsi à la quasi-totalité de l’humanité de réellement actualiser le Village planétaire imaginé trente ans plus tôt par Marshall McLuhan.
Tim Berners en 1990 pour le Web, Marshall McLuhan (dans la décennie 1960) pour le Village planétaire, Norbert Wiener (dans la décennie 1940) pour la cybernétique (Hörl, 2007; Josset, 2016), Alan Turing pour la Machine Universelle également dans les années 1940, mais aussi Max Planck, Albert Einstein, Neil Bohr et d’autres pour la physique quantique à laquelle nous devons tout les aspects matériel, ordinateurs, smartphone, fibre optique et satellites. Tous ce s noms et bien d’autres, sont les vrais, les réels inventeurs de la réalité scientifique d’aujourd’hui dans sa dimension à la fois purement « technicienne » et dans sa dimension transfigurante. Nous ne sommes plus seulement des humains, nous sommes des humains dotés de pouvoirs extraordinaires que nous ignorons presqu’entièrement, à part bien sur celui de fabriquer des Big Tech pour notre propre anéantissement dont nous venons de parler. Notre monde repose non pas sur un rêve, il repose sur un cauchemar par oubli d’un immense éveil, par la science, l’aventure de la conscience, qui s’est actualisé dans nos outils, notre vie matérielle, qui nous façonne en retour dans une « boucle étrange » en une « Guirlande éternelle ». Vous pensez peut-être que je m’égare dans des envolées lyriques totalement mégalomanes ? Je ne fait pourtant que citer l’un des auteurs les plus célèbres de l’Intelligence artificielle, Douglas Hofstadter et notamment l’un de ses ouvrages intitulé « Gödel, Escher, Bach : Les Brins d’une Guirlande Éternelle ». Si je cite cet auteur, et il en existe d’autres, c’est pour bien rester dans notre sujet scientifique, tout en vous disant qu’il dépasse à peu près tout ce que nos esprits peuvent concevoir et imaginer. En particulier une mutation, une transfiguration totale, qui n’a rien à voir avec le Transhumanisme simpliste issu d’une vision robotiste du monde et encore moins des rêvasseries vendues dans le consumérisme actuel. C’est une réalité. Nous avons des difficultés à concevoir ce qu’aujourd’hui nous apporte la science la plus pure faite d’applications les plus utiles et salvatrices pour sauver la planète et la part humaine de l’homo sapiens-démens. C’est le demens qui vocifère et agit de mille manières de plus en plus inquiétantes (Colosimo, 2024), mais le sapiens, la part de sagesse incarnée et tout aussi effective, a plus de mal à être vraiment entendue, à percer jusqu’au niveau politique du concert des nations (« concert des nations », 2024). Mais il parle, certes sans hurler, mais d’une façon sure et claire. Il est très présent notamment sur Internet à travers cette multitude d’initiatives et de personnes qui s’engagent et que j’évoquais à l’instant. Il est présent même chez les Big Tech elles-mêmes sont nées d’une belle intension, qui toutes incluaient et incluent encore, même si cela disparaît peu à peu, des informations et des services humains hautement louables, mais leurs actionnaires sont plus demens que sapiens. Mais la réalité aujourd’hui, c’est que nous avons des difficultés non seulement à concevoir le pouvoir que nous avons entre les mains de tout pouvoir changer. Ce pouvoir, cet « empouvoirement », « empowerment » en anglais, il est réel, il est objectif, il est accessible, mais il demande de la méthode qui échappe encore. Et c’est justement de cette sorte de « bonne nouvelle » que je voulais vous parler et que je ne fais qu’esquisser par manque de temps et pour vous laisser la parole.
Je vous remercie pour votre écoute et vous rappelle que mes écris et podcasts sont à votre disposition. Je suis également disponible à toutes vos questions.
Bibliographie
Alexandre, O. (2024, avril 17). « Big Data, Big Boss, Big Tech », les trois philosophies de la Tech. blog-usi. https://blog.usievents.com/olivier-alexandre–big-data-big-boss-big-tech-les-trois-philosophies-de-la-tech
Arendt, H. (2002). Les origines du totalitarisme, Troisième partie : Le totalitarisme (Gallimard). (condensé par Piero) https://www.education-authentique.org/uploads/PDF-DOC/HLT%20-Le%20Totalitarisme-%20Hanna%20Arendt.pdf
Baron, P. (2024, septembre 20). Ipad Kids : 31 % des 7 à 9 ans sont sur X et c’est dangereux. L’ADN. https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/generation-alpha-ipadkids-x-twitter/
Berners-Lee, T. (2025). This is For Everyone. Macmillan.
Castells, M. (2001). La galaxie Internet (P. Chemla, Trad.). Fayard.
Chabot, P. (2024). Un sens à la vie : Enquête philosophique sur l’essentiel (1re édition). Presses universitaires de France (PUF).
Chagnon, L. (2024, février 4). De Facebook à Meta, cinq chiffres qui montrent comment le réseau de Mark Zuckerberg est devenu un géant économique. Franceinfo. https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/facebook/de-facebook-a-meta-cinq-chiffres-qui-montrent-comment-le-reseau-de-mark-zuckerberg-est-devenu-un-geant-economique_6325794.html
Chevillard, T. (2024). Comment les gendarmes ont infiltré Ghost, l’appli préférée des criminels. www.20minutes.fr. https://www.20minutes.fr/faits_divers/4110870-20240919-comment-gendarmes-infiltre-ghost-messagerie-preferee-criminels
Coëffé, T. (2024). Chiffres réseaux sociaux – 2024. BDM, le média des pros du digital. https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-reseaux-sociaux/
Colosimo, J.-F. (2024). Occident, ennemi mondial no 1. Albin Michel.
Concert des nations. (2024). In Wiktionnaire, le dictionnaire libre. https://fr.wiktionary.org/w/index.php?title=concert_des_nations&oldid=34727404
Da Empoli, G. (2023). Les ingénieurs du chaos ([Nouvelle éd. augmentée d’une] postface inédite de l’auteur). Gallimard.
Devillier, N. (2020, octobre 19). Lynchage de Samuel Paty sur les réseaux sociaux : Comment réguler les algorithmes de la haine ? The Conversation. http://theconversation.com/lynchage-de-samuel-paty-sur-les-reseaux-sociaux-comment-reguler-les-algorithmes-de-la-haine-148390
ENS. (2024). GAFA, GAFAM, géants du net (ISSN : 2492-7775) [Terme]. Géoconfluences; École normale supérieure de Lyon. https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/gafa-gafam
Goulard, H. (2023). Quarante-deux Etats américains portent plainte contre Meta, accusé de nuire à la santé mentale des jeunes. Les Echos. https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/des-etats-americains-portent-plainte-contre-meta-accuse-de-nuire-a-la-sante-mentale-des-jeunes-1992061
Halifa-Legrand, S. (2023). Procès antitrust de Google : L’Amérique contre la Big Tech. Le Nouvel Obs. https://www.nouvelobs.com/economie/20231024.OBS79909/proces-antitrust-de-google-l-amerique-contre-la-big-tech.html
Harbulot, C., Lucas, D., & Baumard, P. (Éds.). (2002). La guerre cognitive : L’arme de la connaissance. Lavauzelle.
Himanen, P. (2001). L’éthique hacker et l’esprit de l’ère de l’information (C. Leblanc, Trad.). Exils.
Hörl, E. (2007). La destinée cybernétique de l’occident. McCulloch, Heidegger et la fin de la philosophie. Appareil, 1. https://doi.org/10.4000/appareil.132
Josset, R. (2016). La destinée cybernétique du monde: Sociétés, n° 131(1), 9‑17. https://doi.org/10.3917/soc.131.0009
Lagnier, P., Jousset, A., CAPA Presse, & Arte France (Producteurs). (2021). Propagande : Les nouveaux manipulateurs [Enregistrement vidéo]. https://www.cinemutins.com/propagande-les-nouveaux-manipulateurs
Maggiori, R. (2005). Hannah Arendt, une vie de l’esprit. Libération. https://www.liberation.fr/livres/2005/09/08/hannah-arendt-une-vie-de-l-esprit_531696/
Nora, D. (2017). Contre Google, Amazon & Co : Les 6 familles de résistants aux Gafam. https://www.nouvelobs.com/economie/20171110.OBS7195/contre-google-amazon-co-les-6-familles-de-resistants-aux-gafam.html
Nora, D. (2023). Les Etats contre « Big Tech ». L’Obs, 3077, 6.
Stiglitz, J. E. (2010). Le triomphe de la cupidité. les Liens qui libèrent.
Zuboff, S. (2020). L’âge du capitalisme de surveillance : Le combat pour un avenir humain face aux nouvelles frontières du pouvoir. Zulma.
[1] « C’est seulement parce que je peux parler avec les autres que je peux également parler avec moi-même, c’est-à-dire penser. » Hanna Arendt, cité par Robert Maggiori (2005)
Martin JACOB
Un chemin de vie numérique
Alex FLYNN
L’intelligence artificielle en radiologie
L’introduction de l’IA dans le diagnostic médical de radiothérapie est en cours dans mon hôpital et déjà un des deux médecin-analyste a pu être supprimé du fait de la meilleure efficacité des marqueurs d’anomalies que celle des analystes et une disponibilité et extrême rapidité 24/24.
Valentine FLYNN
L’intelligence artificielle dans le tourisme
L’introduction de l’IA de traduction automatique dans les échanges par mail entre clients et agence de voyage dans les langues les plus pratiquées en Europe a déjà permis de réduire sensiblement les effectifs de personnel affectés à chaque langue en Europe et de transférer le traitement humain restant en Inde ou les salaires sont plus faibles.
Le débat
a porté sur 2 points essentiels:
—-affronter les actions des big tech afin de les réguler ? ou apprendre à contourner leurs algorithmes ? individuellement ou collectivement ?
—- liberté d’entreprendre des big tech, régulation de leurs services ou service public ? quel horizon ?
Si vous souhaitez approfondir: https://rialle.eu/BigTechPouvoirs/
Vous y trouverez l’intégralité des textes des interventions et l’enregistrement de la conférence.